Pression en Inde : Netflix et Amazon reculent sur la sortir de certains films
Le cinéaste Anurag Kashyap, célèbre pour ses regards critiques sur l’Inde, a connu un succès international avec des oeuvres dépeignant une image sans concession de son pays. Ses collaborations avec Netflix, débutées en 2016, lui ont valu une reconnaissance mondiale. Cependant, en 2021, Netflix a annulé son projet phare, une adaptation du livre « Maximum City », qui explore les extrêmes de l’espoir et du désespoir à Mumbai, ainsi que le fanatisme hindou. L’arrivée de Netflix et Amazon en Inde avait promis de bouleverser le marché du divertissement, mais la situation a changé avec l’ascension du parti Bharatiya Janata (BJP) de Narendra Modi. Les plateformes américaines se retrouvent désormais confrontées à la pression politique et à la censure, en particulier sur des contenus pouvant offenser l’aile droite hindoue ou le BJP.
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Climat de censure et d’autocensure
Aujourd’hui, l’industrie du streaming en Inde est marquée par une culture d’autocensure. Les exécutifs de Netflix et Prime Video, ainsi que leurs avocats, demandent fréquemment des modifications substantielles sur les intrigues politiques ou les références religieuses sensibles. Les projets traitant des divisions politiques, religieuses ou de castes en Inde sont souvent refusés ou abandonnés en cours de développement. Des séries et films complets ont été discrètement écartés par Netflix et Prime Video, affectant leur audience mondiale de plus de 400 millions de téléspectateurs. Cette tendance s’est accrue après des campagnes de pression et des menaces de poursuites judiciaires, poussant les plateformes à une censure “invisible”.
Répercussions des pressions politiques et religieuses
L’incident clé fut la campagne de pression en 2021 contre la série “Tandav” de Prime Video, qui a provoqué des enquêtes policières dans toute l’Inde pour des prétendues offenses envers une divinité hindoue. Cette série a également illustré des violences policières et des manifestations agricoles, reflétant des controverses réelles du gouvernement Modi. En conséquence, Prime Video a annulé “Gormint”, une série satirique sur la politique indienne, et Netflix a abandonné le documentaire “Indi(r)a’s Emergency”, qui contenait des commentaires voilés sur l’administration Modi. Ces exemples illustrent la prudence croissante des plateformes face aux contenus politiquement sensibles.
Impact sur les créateurs et la liberté d’expression
Cette situation a un impact profond sur les créateurs comme Kashyap, dont le travail a été directement affecté par cette vague de censure. Après avoir critiqué ouvertement l’administration Modi, il a été la cible de raids fiscaux et a subi des difficultés personnelles et professionnelles. L’annulation de “Maximum City” par Netflix marque un tournant, symbolisant le recul de la liberté créative sous la pression politique. Les plateformes de streaming, autrefois vues comme un espace de liberté, s’avèrent être des acteurs commerciaux sensibles aux enjeux politiques et culturels de l’Inde.
La pression exercée sur Netflix et Amazon en Inde révèle un conflit croissant entre la liberté d’expression artistique et les considérations politiques et religieuses, mettant en lumière les défis de maintenir une plateforme de contenu créatif dans un climat de censure et d’autocensure.
