Le 2 mai 1925, un pilote américain inscrivait son nom dans l’histoire en pulvérisant le record de durée de vol en hydravion. Derrière cette performance, un objectif stratégique : préparer la toute première traversée aérienne entre la Californie et Honolulu. Le commandant James D. Strong, pilote de l’US Navy, allait repousser les limites de l’endurance mécanique et humaine en restant dans les airs pendant 28 heures et 35 minutes. Ce record, homologué à l’époque, ne tient plus aujourd’hui face aux capacités modernes, mais il conserve une valeur fondatrice dans l’histoire de l’aviation.
Une mission à très haut risque
Ce vol n’était pas un simple exercice d’endurance : il s’agissait d’un test stratégique grandeur nature. L’objectif des autorités militaires américaines était clair : démontrer la faisabilité d’un vol transpacifique sans escale. Le vol s’est déroulé au-dessus de la côte ouest américaine, dans un environnement strictement contrôlé.
Le moindre incident aurait pu transformer l’expérience en tragédie. James Strong, en pilote aguerri, a parfaitement géré son appareil, ses moteurs, son carburant et son attention pendant plus d’une journée complète, de quoi impressionner même les pilotes d’aujourd’hui.
Un avion à la pointe de 1925
L’appareil utilisé pour ce vol était un hydravion métallique à deux moteurs. Contrairement aux avions traditionnels en bois ou toile, ce modèle se distinguait par sa structure entièrement métallique, conférant une meilleure résistance et une autonomie accrue. Chaque moteur délivrait une puissance d’environ 400 chevaux, permettant à l’appareil de croiser à une vitesse de 140 km/h environ.
L’autonomie nécessaire à un tel vol impliquait un volume de carburant exceptionnel, soigneusement réparti pour maintenir la stabilité de l’appareil sur la durée.
Des conditions extrêmes pour le pilote
Voler 28 heures sans interruption, dans un cockpit ouvert aux courants d’air et aux vibrations, représentait une épreuve physique majeure. Pas de pilote automatique, pas d’instruments numériques, seulement l’expérience, la concentration et la navigation à l’estime.
James Strong a dû rester lucide, surveiller en permanence la température moteur, la consommation de carburant, et maintenir une trajectoire stable. Le vol s’est terminé avec succès, sans panne ni dérive, preuve d’une discipline hors norme et d’un sang-froid remarquable.
Une préparation à la traversée San Diego – Honolulu
Ce vol n’était pas une fin en soi. Il s’inscrivait dans un plan plus vaste : relier par les airs les États-Unis continentaux à l’archipel d’Hawaï. La distance entre San Diego et Honolulu dépasse 3 800 km, soit bien plus que ce que le vol de Strong a permis de couvrir dans les 28h35.
Mais en démontrant qu’un hydravion pouvait tenir l’air aussi longtemps, l’US Navy validait un pan fondamental du projet. Quelques mois plus tard, d’autres équipages allaient se lancer sur cette route mythique.
Un record dépassé mais un symbole intact
Aujourd’hui, le record de James Strong n’est plus d’actualité. Les avions modernes, civils comme militaires, dépassent largement cette durée grâce au ravitaillement en vol, au pilotage assisté et à des moteurs plus efficients.
Toutefois, le record du 2 mai 1925 reste symbolique : il marque la transition entre les exploits d’aventuriers solitaires et les grandes stratégies aéronautiques coordonnées. C’est l’un des premiers jalons sérieux vers une aviation intercontinentale maîtrisée.
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À retenir
- Le 2 mai 1925, James D. Strong a volé pendant 28 heures et 35 minutes en hydravion, établissant un record mondial de durée de vol pour cette catégorie.
- L’objectif de ce vol était de préparer une future traversée aérienne entre San Diego et Honolulu.
- L’hydravion utilisé était métallique et bimoteur, une technologie de pointe pour l’époque.
- Le vol s’est déroulé dans des conditions physiques extrêmes, sans assistance électronique.
- Cette performance a permis de valider la faisabilité des vols longue distance au-dessus de l’océan Pacifique.
- Ce record a depuis été dépassé mais reste emblématique dans l’histoire de l’aviation.