Le rugissement du futur parle coréen, mais avec un accent français. À Francfort, le V8 biturbo du GMR-001 a démarré pour la première fois, orchestré par une équipe internationale où l’expertise française a joué un rôle clé. Ce premier souffle mécanique marque le début d’un ambitieux voyage vers Le Mans.
GMR-001 Hypercar : le feu sacré de Genesis pour Le Mans et au-delà
Alors que la plupart des constructeurs se préparent timidement à franchir le cap de l’endurance, Genesis Magma Racing (GMR) vient de déclencher une véritable onde de choc dans le paddock mondial. L’annonce du premier démarrage réussi de son V8 biturbo pour le GMR-001 Hypercar marque bien plus qu’un jalon technique : c’est la preuve que le projet avance à une vitesse sidérante. Objectif affiché : 24 Heures du Mans 2026. Et ça, c’est pour demain.
Un moteur forgé par le rallye pour dominer l’endurance
C’est à Francfort, au siège de Hyundai Motorsport, que le cœur du GMR-001 a battu pour la première fois. Pour Cyril Abiteboul (l’ancien Directeur Général de Renault F1 Team, et plus encore), Directeur actuel de l’écurie Genesis Magma Racing, ce feu vert symbolise rien de moins que “le premier battement de cœur” du projet. Une équipe d’ingénieurs chevronnés, pilotée par Julien Moncet et Rob Benson, a orchestré ce moment clé, point final de huit mois de développement intensif. Ce V8 biturbo n’est pas un moteur comme les autres : il hérite directement de l’ADN WRC de Hyundai. Pas de révolution totale, mais une mutation intelligente. En reprenant 60 % des composants du moteur 4 cylindres déjà victorieux en rallye, les ingénieurs ont garanti une base fiable et robuste, adaptée à l’usure des courses d’endurance.
L’architecture V8 pensée pour durer
Le choix d’une architecture V8 biturbo découle d’une logique implacable : associer puissance et fiabilité dans un format éprouvé. Développé à partir de juin 2024, le moteur a été conçu en seulement quatre mois. Un délai éclair dans l’univers du sport automobile, rendu possible par une communication fluide entre les pôles design, simulation et assemblage. L’assemblage du premier bloc, réalisé début 2025, a nécessité trois à quatre semaines d’attention minutieuse, chaque pièce étant validée au millimètre avant d’être intégrée. Résultat : un moteur déjà prêt pour les bancs d’essai, avant même le premier roulage.
Du virtuel à la piste sans passer par la case erreur
Cette rapidité d’exécution ne doit rien au hasard. L’équipe a su tirer parti des outils numériques pour valider chaque étape de conception avant même l’usinage des pièces. Grâce à une intégration parfaite entre les simulations et la réalité de l’atelier, les ingénieurs peuvent désormais tester le moteur dans des conditions dynamiques qui imitent les contraintes d’un circuit comme Le Mans. La montée en température sera progressive, les longues sessions d’endurance sur banc viendront éprouver la fiabilité, puis viendra l’étape critique : le couplage avec la boîte de vitesses et le système hybride.
Une hybridation à la norme LMDh
Le GMR-001 respecte la réglementation LMDh (Le Mans Daytona hybrid), ce qui implique une hybridation standardisée. La motorisation thermique développée par Hyundai Motorsport sera associée à un système hybride commun aux concurrents de cette catégorie. Cela garantit une équité technique entre les écuries tout en mettant en valeur le savoir-faire propre de Genesis sur la partie moteur thermique. Cette hybridation est plus qu’un simple ajout de puissance : elle joue un rôle crucial dans la gestion de l’énergie, l’efficience globale du véhicule et les stratégies de course.
Une sculpture aérodynamique sous haute pression
Mais le GMR-001, ce n’est pas seulement un moteur. Le design signé Luc Donckerwolke transforme chaque contrainte aérodynamique en expression stylistique. La ligne parabolique latérale épouse les flux, les entrées d’air sont sculptées pour refroidir sans freiner. Sous la robe fluide se cache un fond plat, impératif pour optimiser l’appui à haute vitesse. Et pour que la nuit ne tombe jamais sur la piste, les feux Two-Line emblématiques de Genesis encerclent l’avant et l’arrière. Une signature visuelle autant qu’un outil de survie en course.
Un design qui parle coréen à pleine vitesse
La livrée du GMR-001 ne se contente pas d’être voyante : elle raconte une histoire. Magma orange à l’avant, rouge profond à l’arrière — un dégradé qui évoque la montée en température du moteur et l’effet Doppler d’un bolide à pleine charge. Sur la carrosserie, les lettres ㅁ, ㄱ, ㅁ (pour “Magma” en Hangeul) rappellent les racines coréennes du projet. Une voiture qui file à 300 km/h en hurlant en coréen ? Voilà une vision audacieuse de l’élégance athlétique, signature de Genesis.
Une équipe qui joue la gagne dès le départ
Sur la grille, Genesis ne viendra pas faire de la figuration. La trajectoire est claire : une entrée en WEC en 2026, suivie de l’IMSA en 2027. En attendant, le programme Trajectory sème déjà ses graines : Jamie Chadwick, Mathys Jaubert et Daniel Juncadella ont signé une première victoire tonitruante lors des 4 Heures de Barcelone en LMP2. Et pour encadrer le GMR-001, deux pointures ont été recrutées : André Lotterer, triple vainqueur au Mans, et Pipo Derani, quadruple vainqueur à Sebring. Genesis ne vise rien de moins que le sommet.
Le laboratoire roulant de la marque Magma
Ce GMR-001 n’est pas un concept-car pour salons feutrés. C’est un laboratoire vivant. Chaque kilomètre parcouru en endurance alimentera les futurs modèles de la gamme Magma. Refroidissement optimisé, efficacité énergétique, fiabilité des composants hybrides : tout sera mis à profit pour faire évoluer la gamme de véhicules de route. L’objectif est clair : transférer la performance de la piste à la route, sans compromis.
Le compte à rebours est lancé. Le moteur tourne. Les essais en piste se profilent. La question n’est plus de savoir si Genesis sera prêt pour Le Mans 2026, mais si les autres le seront.