Alors que la Citroën New C3 s’impose sur les marchés français et italiens, Stellantis déploie une nouvelle ligne de production en Serbie. À l’heure où la France parle de relocalisation de ses moyens de production, pourquoi l’Hexagone ne figure-t-il pas sur la carte de fabrication de cette voiture emblématique aux motorisations hybride, électrique ou essence ?
Citroën C3 nouvelle génération entre expansion industrielle et stratégie de coûts
Citroën a officiellement lancé en avril 2025 une nouvelle ligne de production de sa C3 dans l’usine Stellantis de Kragujevac, en Serbie. Ce site vient compléter celui de Trnava en Slovaquie, où le modèle est déjà assemblé. Ce choix industriel ne doit rien au hasard : il s’inscrit dans une stratégie globale visant à offrir un véhicule électrique, hybride ou thermique abordable au cœur de l’Europe, sans faire de compromis sur les standards de confort ou de performance.
Une plateforme repensée pour un modèle plus accessible
La nouvelle C3 repose sur la toute récente plateforme Smart Car, conçue spécifiquement pour intégrer les motorisations électriques, hybrides et thermiques. Cette plateforme inaugure une approche technique centrée sur la simplicité et la rationalisation industrielle. La suspension Advanced Comfort® associée aux sièges repensés et au concept de planche de bord C-Zen dessine un habitacle orienté vers l’agrément au quotidien. Les dimensions compactes du véhicule n’empêchent pas une meilleure habitabilité, tandis que l’ergonomie a été retravaillée pour faciliter l’accès à bord.
Une version électrique de plus de 320 km d’autonomie
Parmi les atouts techniques notables, la version électrique de la C3 offre une autonomie supérieure à 320 kilomètres selon le cycle WLTP, un chiffre particulièrement compétitif pour un modèle de cette catégorie. Cette performance repose sur une optimisation de la chaîne de traction, bien que le communiqué ne précise pas la capacité exacte de la batterie ni les détails du système de recharge. On comprend néanmoins que la conception globale a été pensée pour maximiser le rapport prix/performances, dans un contexte où la transition énergétique impose une accessibilité croissante des modèles zéro émission.
Une production serbe symbolique et stratégique
L’usine de Kragujevac n’a pas été choisie au hasard. Modernisée entre 2022 et 2024 à la suite d’un accord entre Stellantis et le ministère serbe de l’Économie, elle est aujourd’hui équipée de lignes de production automatisées et robotisées. Cette mise à niveau permet de garantir un haut niveau de productivité et de qualité, tout en assurant un coût de fabrication maîtrisé.
Le salaire moyen net en Serbie s’élevait en 2023 à environ 760 euros mensuels, contre plus de 2 500 euros en FranceExemple. Cet écart reflète un dumping social structurel, souvent critiqué mais encore massivement exploité dans l’industrie automobile européenne. Cette délocalisation partielle s’apparente à une recherche assumée de compétitivité par la réduction des coûts de main-d’œuvre, au détriment des implantations dans les pays à plus forte charge sociale.
Une demande commerciale qui dicte le tempo
Depuis sa mise en vente fin 2024, la C3 s’est rapidement imposée : plus de 130 000 commandes enregistrées, dont 30 % pour la version électrique. Sur le premier trimestre 2025, elle se classe deuxième des ventes de voitures électriques en France et troisième du marché automobile global en France et en Italie. Ces chiffres valident la stratégie produit de Citroën, mais posent question sur la place de la France dans ce succès industriel.
Slovaquie, Serbie, mais pas la France
La production initiale de la C3 a démarré à Trnava, en Slovaquie, une usine déjà éprouvée qui accueille aussi la version Aircross. L’ajout de Kragujevac vise à répondre à la forte demande, mais ne concerne toujours pas une éventuelle ligne française. Alors que la France affiche des ambitions fortes en matière de souveraineté industrielle, son absence dans le processus de fabrication de la C3 est notable.
Malgré un positionnement stratégique de Citroën à Poissy et un tissu industriel historique dans l’Hexagone, le coût du travail, les rigidités administratives et le manque d’incitations ciblées pour la production de petits modèles semblent détourner Stellantis d’un investissement plus localisé. Une tendance qui contraste avec les discours politiques sur la réindustrialisation et laisse la question de la relocalisation en suspens.
Une voiture pensée pour bousculer le segment B
La Citroën C3 version 2025 ne se contente pas de suivre le mouvement, elle veut redéfinir les standards du segment B. Elle s’inspire des codes esthétiques du SUV, conserve la compacité des générations précédentes tout en élargissant ses usages. En essence, hybride ou 100 % électrique, elle veut offrir une polyvalence maximale à un tarif contenu. Le tout sans sacrifier le confort, grâce à l’intégration de technologies issues des segments supérieurs.
Un modèle accessible, mais à quel prix social
Avec un prix d’appel agressif — non précisé dans le document mais qualifié de “rupture dans le segment” —, la C3 se positionne dans une logique de démocratisation de la mobilité électrifiée. Pourtant, cette accessibilité repose en partie sur une logique de délocalisation à bas coût. Le cas de Kragujevac illustre une réalité industrielle où les arbitrages économiques prennent le pas sur les considérations sociales.
La C3 veut être pour Citroën ce que Dacia est devenu pour Renault : une référence abordable et pragmatique. Mais peut-on véritablement parler de modèle européen si la France, berceau historique de la marque, n’en est plus qu’un marché de consommation ?