Venue de nulle part ou presque (d’Angleterre, reconnaissons-leur), cette hypercar électrique, sorte d’Objet Roulant Non identifié, n’est ni un concept de salon ni un délire de start-up : c’est une démonstration de force roulante, une équation à mille chevaux résolue par une poignée d’ingénieurs britanniques.
Des proportions de jouet pour des performances de missile
3,45 mètres de long, 1,58 mètre de large et à peine plus d’un mètre de haut : à première vue, on croirait une monoplace de karting surdimensionnée. Et pourtant, cette coque de carbone ultra-compacte cache un groupe motopropulseur électrique délivrant 1013 chevaux. Le tout pour un poids contenu sous la tonne – 999 kg, pour être précis. Le calcul est simple : elle atteint la perfection de plus de 1000 chevaux par tonne. Même les prototypes d’endurance regardent ça de loin. Cette débauche de puissance dans un gabarit aussi ramassé est l’équivalent d’une turbine avec siège déguisée en voiture de route. Sauf que celui-ci ne fait pas de bruit d’explosion, mais de tornade sous vide.
Une technologie d’appui qui retourne la logique aérodynamique
Ici, pas d’aileron démesuré ou de diffuseur tentaculaire, mais ne soyez pas déçus. Le secret de la Spéirling, c’est l’effet de sol inversé. Deux ventilateurs tournant à 23 000 tours par minute aspirent littéralement la voiture vers le sol, créant une force d’appui instantanée et modulable. Ce système “Downforce-on-Demand” assure 2 tonnes d’appui, soit deux fois le poids du véhicule. En clair, elle est collée à l’asphalte comme une ventouse. Là où une F1 a besoin de vitesse pour plaquer ses pneus au sol, la McMurtry, elle, le fait dès l’arrêt. Une dimension de pilotage déjà exploitée par d’autres (comme la McLaren F1), où l’adhérence ne dépend plus de l’allure, mais d’un bouton.
Une signature sonore venue d’ailleurs
Pas de vrombissement ni de hurlement de V12, non! La Spéirling produit un son étrange, comme un essaim furieux croisé avec un avion de chasse. Les ventilateurs hurlent pendant que la voiture surgit hors du cadre. Cette sonorité, c’est celle d’une ère qui ne cherche plus à imiter l’ancienne. Elle impose sa propre voix. L’électrique, ici, n’est pas un choix éthique, c’est une arme technique, un moyen d’arriver à ses fins (nous y reviendrons).
Une accélération hors du cadre temporel
1,5 seconde et c’est tout! Oui, vous l’avez compris, c’est le temps qu’il lui faut pour passer de 0 à 100 km/h. À ce niveau, ce n’est plus une accélération, c’est une désintégration des repères. Et ce sans launch control compliqué ni pneus préchauffés. 306 km/h en vitesse de pointe, mais ce n’est pas là que la Spéirling impressionne le plus. Non, c’est dans les courbes qu’elle anihile la concurrence, encaissant des forces latérales supérieures à 3G. Pour comparaison, un pilote de chasse en manœuvre ressent parfois ce type d’effort. Dans la Spéirling, c’est juste un virage à droite.
Les chronos parlent plus fort que les mots
À Goodwood en 2022, la McMurtry Spéirling a signé un passage devenu viral : 39,08 secondes pour grimper la colline, explosant l’ancien record et ridiculisant au passage les hypercars thermiques. Juin 2024, nouveau choc : 1:24,43 sur le tracé d’Hockenheim en version route, soit 14,1 secondes de mieux que la très sérieuse Mercedes-AMG One. Le chrono n’est pas juste battu, il est oblitéré. La démonstration n’est plus nécessaire : elle a eu lieu, et personne ne l’a vue venir.
Une exclusivité à huit zéros
Évidemment, cette tornade sur roues ne sera pas produite à grande échelle. La série s’appelle “Pure”, et elle est strictement limitée à 100 exemplaires. Et comme souvent, premier arrivé, premier servi. Les livraisons sont prévues pour cette année, au prix de 820 000 livres sterling – environ 953 000 euros. Mais pour ce montant, on n’achète pas juste une voiture, on acquiert un morceau d’histoire mécanique, une révolution mobile, un manifeste technique.
L’obsession du détail jusqu’à l’obsession du circuit
Derrière ce projet, une équipe menée par Max Chilton, ex-pilote de Formule 1, et animée par une seule idée : repousser toutes les limites. Depuis ses débuts, McMurtry Automotive fonctionne comme une écurie de course déguisée en constructeur. Le développement de la Spéirling n’est pas terminé : les évolutions sont constantes, les tests s’enchaînent avec l’objectif avoué de prendre d’assaut les circuits mythiques les uns après les autres et d’inscrire ce nom de niche au panthéon de la performance.
Avec la Spéirling, McMurtry démontre que l’électrique peut être plus qu’un substitut : une réinvention. La question n’est plus « est-ce que l’électrique peut suivre ? » mais « qui peut suivre l’électrique ? » quand il est poussé à son extrême logique. Et après cette claque venue du futur, on ne peut que se demander : où s’arrêtera la Spéirling ? Moi, j’aimerais que ce soit dans mon garage, pas vous ?