Profitant d’une vente aux enchères exceptionnelle, un Apple-1 fonctionnel vient d’être adjugé 375 000 dollars. Un record pour cet objet mythique, vendu initialement 666,66 dollars en 1976, soit une plus-value de 56 250 %.
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L’Apple-1, quand un circuit imprimé devient une relique technologique
L’Apple-1 n’est pas un simple ordinateur : c’est l’acte de naissance d’un empire technologique. Conçu à la main par Steve Wozniak et vendu par Steve Jobs, ce circuit nu, à assembler soi-même, s’adressait aux passionnés du Homebrew Computer Club de Palo Alto. À une époque où l’informatique personnelle n’en était qu’à ses balbutiements, il posait déjà les bases d’une révolution. Mais c’est l’idée géniale de Jobs – vendre des machines préassemblées au Byte Shop – qui propulsera l’Apple-1 dans une autre dimension. Moins de 200 unités ont été produites en dix mois, dont seulement 175 ont été vendues. Aujourd’hui, chaque exemplaire survivant est une pièce de collection rarissime.
Un exemplaire complet, restauré et fonctionnel
Le modèle vendu par la maison RR Auction n’est pas un simple Apple-1 poussiéreux. Il s’agit d’un système complet, restauré et parfaitement fonctionnel, évalué à 8/10 par l’expert Corey Cohen pour son état exceptionnel. Il porte le numéro 91 dans le registre officiel Apple-1 et répond au surnom de « Bayville Apple-1 ». Restauré en octobre 2019, il est accompagné d’une vidéo de démonstration attestant de son bon fonctionnement. L’originalité de cet exemplaire tient aussi à son impressionnante panoplie d’accessoires d’époque : une carte mère marquée du numéro “01-0052”, une interface cassette Apple (ACI), un clavier SWTPC modifié, un moniteur Sanyo inséré dans un coffret en bois, une alimentation conforme au manuel d’origine et même une carte d’extension non assemblée. Tout est là pour faire revivre l’expérience informatique de 1976.
Des documents originaux qui racontent l’histoire de l’informatique
Mais ce qui confère à cet Apple-1 une valeur muséale, c’est l’abondance de documents originaux l’accompagnant. Le manuel d’utilisation Apple-1 est présent, dans sa version originale de 12 pages au format US Letter (21,6 x 28 cm), orné de l’illustration imaginée par Ron Wayne représentant Isaac Newton sous un pommier. Ce document est abondamment annoté à la main, avec notamment les numéros d’extension de Daniel Kottke (“Ex. 255”) et de Steve Jobs (“Ex. 320”). On y trouve même une mention manuscrite d’un potentiel crédit de 400 dollars pour l’achat d’un Apple II avec 15 % de réduction. Un schéma repliable du circuit imprimé, annoté de noms comme Steve Wozniak et Wendell Sander, complète le tout. Enfin, une note manuscrite de Daniel Kottke, datée de décembre 1978, vient ajouter une touche personnelle à l’ensemble. Il y évoque l’impossibilité de faire tourner Applesoft sur une carte de 8 Ko et promet une modification pour passer à 16 Ko. Une plongée directe dans le quotidien des débuts d’Apple.
Une rareté cosmétique et technique
L’état cosmétique de l’ordinateur est jugé « très bon » : les circuits intégrés conservent des marquages d’une clarté rare et la carte échappe aux habituels défauts de pelage du revêtement vert liés au procédé de soudure à la vague. Ce niveau de préservation confère à l’exemplaire une rareté supplémentaire, même parmi les quelques unités encore existantes. L’ordinateur est un exemple du modèle vendu au Byte Shop, ce qui signifie qu’il était livré entièrement assemblé, une décision clé qui a permis de faire entrer Apple dans le monde de la micro-informatique grand public. Contrairement aux kits destinés aux bricoleurs, ces versions prêtes à l’emploi ont été les premières à démocratiser la technologie.
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Une rentabilité hors norme pour une pièce vendue 666,66 dollars
Vendu 666,66 dollars en 1976, l’Apple-1 s’est envolé à 375 000 dollars en 2025. La plus-value est vertigineuse : 56 250 % de rentabilité brute sur 49 ans. À titre de comparaison, un investissement dans l’or ou dans un indice boursier majeur aurait offert des gains largement inférieurs (d’environ 100 dollars l’once à environ 3000 dollars, une multiplication par 30 seulement). Mais plus qu’une opération financière, il s’agit ici d’une valorisation patrimoniale, celle d’un objet fondateur dans l’histoire de la technologie moderne.
Un marché pour les icônes de la tech
La vente de cet Apple-1 n’est pas un cas isolé. Lors de la même enchère, un chèque signé par Steve Jobs en 1976 s’est vendu plus de 112 000 dollars, tandis qu’un iPhone de première génération, toujours scellé, a atteint 87 514 dollars. Un Apple Lisa équipé de disques « Twiggy » a, lui, trouvé preneur à 56 818 dollars. Ces objets incarnent l’essor d’Apple et témoignent d’une époque où la révolution numérique tenait dans une boîte en bois ou un simple carnet de chèques.
Le témoignage d’une révolution en marche
Ce modèle vendu à 375 000 dollars est bien plus qu’un ordinateur ancien : c’est un témoin direct du virage fondateur d’Apple. Il incarne à lui seul la genèse de l’informatique personnelle, l’intuition de deux jeunes visionnaires et l’explosion d’une industrie entière. Chaque soudure, chaque annotation manuscrite et chaque composant raconte une page de cette histoire fulgurante.
La spéculation autour des pièces high-tech historiques ne fait que commencer, bientôt d’autres objets trouveront des acquéreurs prêt à consacrer des sommes astronomiques pour s’approprier un bout de l’histoire. Reste à savoir quelles autres reliques technologiques, oubliées dans des garages, les caves ou les greniers, pourraient un jour réémerger comme des trésors ? Le minitel ? pourquoi pas !